Il faut aller voir là cette très belle photo que j'espère on m'autorisera à reprendre.
Je suis frappée de la simplicité du tissu du sofa, elle me rappelle, avec une acuité triste, celui que nous avions, dans le passé, chez mes parents. La ressemblance est sprituelle, pas factuelle : celui de mes parents était orangé, ou brun, les coussins plus arrondis, comme les bras du sofa. Mais c'est le même type de meuble, confortable et simple.
Je rougis d'avouer que je n'aime pas ce type de sofa, justement par tout ce qu'il évoque ; il est si lamentable de rejeter ce que l'on e st : mais je l'assume, avec honte, mais je la'ssume.
Ou plutôt j'aime ce canapé, mais d'une façon telle que je n'en aurai jamais chez moi ; ou peut-être, très vieille, quand le passé sera mort, s'il meurt jamais. Je m'y enfoncerai voluptueusement et penserai à ma mère. Peut-être me trouverai-je ridicule d'avoir si longtemps refusé d'avoir un tel meuble, de m'être si obstinément refusé à lui ressembler. quand on fait tou pour se dissocier d'une personne avec laquelle on se sent confondue, est-il possible de savoir quand on est sous son influence et quand on s'en dégage ? Quand je mets tout en oeuvre pour ne pas faire ce qu'elle aurait fait, ou pour ne pas faire ce qu'elle aurait voulu que je fasse, même quand je masque aux yeux des autres ce que je suis en train de faire pour qu'ils me pensent seulement en train de réfléchir, même quand je suis totalement seule face à ce que ma mère à implanté en moi, suis-je libre en lui cédant ? Suis-je libre en cédant à une envie qui me vient d'elle ? Suis-je libre en m'obligeant à dire non ?
Que nous voilà loin de Monet, et nous y resterons. Ce salon raconte une certaine ambiance bourgeoise, celle que je croyais être la nôtre. tel que l'on voit ce salon, c'est dans un lieu fort semblable que j'ai vécu, enfant, puis ado : ado, ma mère avait peut-être cédé aux sirènes de la "décoration" et les tissus choisis étaient plus à la mode. Mais qu'importe : encore une fois c'est l'esprit qui est le même.
Qu'est-ce que cette ambiance bourgeoise ? Elle implique une certaine façon de vivre, de penser, de se penser au monde. En tout cas, c'est ce que j'y mets, moi. Ce que j'y ai toujours mis. Sauf qu'aujourd'hui je me demande avec épouvante si ce n'est pas un mensonge - ou une imposture. Et si ça n'en est pas, cela souligne mon terrible aveuglement.
Je tente de m'expliquer. Avec un tel salon, des idéaux vont de pair. Il faut travailler, être ouvert à autrui, toujours essayer de donner le meilleur de soi. Etre modeste aussi, avoir une conscience juste de sa valeur. Dans de tels salons, des héros sont nés et ont été élevés, des gens bien avec des principes.
Mais aussi, d'autres personnes, avec de laids principes, ou les mêmes, mais différmment interprétés. Je ne le savais pas, alors. je le sais aujourd'hui.
Commençons par moi : je suis plus lache que je ne l'aurais voulu, même si je me découvre la plus tonique de tous. Les autres, je découvre leurs lâcheté, leurs aveuglements volontaires, leur dureté. Je le découvre depuis assez peu de temps, et c'est comme si, pixels par pixels, l'image globale que j'avais de ma propre famille s'altérait. Comme si une vérité cachée, une image dans le tapis, qui a toujours été là, mais que je ne voyais pas jusqu'à présent, se révélait à moi.
Pourtant il y avait tout. Les tapis, les sofas, les robes à smoques, à manche ballons. Les tartes, même si ma grand mère, morte jeune, m'en a ainsi privé, ma mère n'ayant pas du tout repris le flambeau. Il y avait tout, mais finalement, tout cela ne produit pas de héros, mais des gens ordinaires, comme on en voit dans les histoires que raconte les psys dans leurs livres. Des gens ordinaires qui cachent des choses, mentent, sont jaloux.
Mais la même lumière brille à travers les fenêtres, qui ouvrent sur de jolis jardins.
Merci pour votre beau billet. Je viendrai vous lire, promis, dès que j'aurai une minute. A bientôt!
RépondreSupprimerC'est très gentil de dire que mon billet est beau. J'ai beaucoup aimé votre blog.
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