certes, on dira que tout cela est bien bête. En quoi est-il si merveilleux d'avoir bu du chocolat chaud en mangeant un gateau ?
En soi, ça n'a rien de merveilleux. Ce qui l'est, pour moi, c'est le caprice de catherine, et sa façon, i, de l'exposer.
De quoi ai-je envie ? semblait-elle se demander tout le temps. Et son attitude rêveuse était en fait l'écoute attentive de ses envies.
J'ai été élevée à trouver mes envies négligeables; que dis-je : elles n'existaient pas, il n'était pas question d'en avoir. Si elles existaient, elles existaient, mais il n'était pas question d'y céder. Il était invraisemblable, inimaginable, de la faire.
Une envie était comme un gâteau exposé dans la vitrine du boulanger ; j'en voyais souvent, je les regardais, et j'en avais toujours envie. Et simultanément, je savais que je n'en aurais JAMAIS. ou plutôt, soyons exact, que je n'avais pas de prise sur cette envie : ma mère achetait parfois des gâteaux, mais c'était aléatoire, nous ne savions pas quand, il n'y avait pas de logique (sauf pour Noël et les anniversaires, et même là, certains gâteaux convenaient plus due d'autres). Un dimanche, soudain, il pouvait y avoir des gâteaux. Nous ne manquions de rien. Mais si nous demandions, nous savions que l'envie de gâteau ne serait jamais satisfaite.
Donc, à peine une envie naissait-elle dans mon coeur - et j'en avais des tas - que je la faisais mourir immédiatement. Les envies étaient faites pour mourir. Par ailleurs, je le répète, je ne manquais de rien.
Je me souviens parfaitement d'une scène. Nous étions dans une boulangerie. Un enfant veut un gâteau et commence à pleurer, et fait une vraie comédie pour l'obtenir. Très vite, ma mère se tourne vers nous et nous lance un regard entendu. Je comprends fort bien : comme cet enfant est mal élevé ! il réclame !je suis fière : je ne réclame pas.
Mais la suite de l'histoire est la suivante : la mère cède (il y avait, dans la bouche de ma mère, deux gros mots "réclamer" et "céder"). Cette mère-là commet l'innommable : elle cède.
Ma mère se retourne vers nous à nouveau, autre regard entendu. Et je me souviens d'avoir pensé : Oh, quelle mère indigne : elle lui cède, elle va faire de son enfant un capricieux ! Quelle chance j'ai d'avoir une mère qui ne me cède pas !
Et j'étais sincère, c'est le pire : je pensais, je me souviens d'avoir pensé de toute mon âme à quel point cette pauvre femme allait pourrir son enfant. Ce qui était peut-être vrai, en fait, je n'en sais rien, mais surtout, j'étais si fière de ma mère, comme endoctrinée...
C'est seulement depuis une dizaine d'année que je repère cette sorte d'endoctrinement - depuis qu'il n'opère plus, en fait....
En soi, ça n'a rien de merveilleux. Ce qui l'est, pour moi, c'est le caprice de catherine, et sa façon, i, de l'exposer.
De quoi ai-je envie ? semblait-elle se demander tout le temps. Et son attitude rêveuse était en fait l'écoute attentive de ses envies.
J'ai été élevée à trouver mes envies négligeables; que dis-je : elles n'existaient pas, il n'était pas question d'en avoir. Si elles existaient, elles existaient, mais il n'était pas question d'y céder. Il était invraisemblable, inimaginable, de la faire.
Une envie était comme un gâteau exposé dans la vitrine du boulanger ; j'en voyais souvent, je les regardais, et j'en avais toujours envie. Et simultanément, je savais que je n'en aurais JAMAIS. ou plutôt, soyons exact, que je n'avais pas de prise sur cette envie : ma mère achetait parfois des gâteaux, mais c'était aléatoire, nous ne savions pas quand, il n'y avait pas de logique (sauf pour Noël et les anniversaires, et même là, certains gâteaux convenaient plus due d'autres). Un dimanche, soudain, il pouvait y avoir des gâteaux. Nous ne manquions de rien. Mais si nous demandions, nous savions que l'envie de gâteau ne serait jamais satisfaite.
Donc, à peine une envie naissait-elle dans mon coeur - et j'en avais des tas - que je la faisais mourir immédiatement. Les envies étaient faites pour mourir. Par ailleurs, je le répète, je ne manquais de rien.
Je me souviens parfaitement d'une scène. Nous étions dans une boulangerie. Un enfant veut un gâteau et commence à pleurer, et fait une vraie comédie pour l'obtenir. Très vite, ma mère se tourne vers nous et nous lance un regard entendu. Je comprends fort bien : comme cet enfant est mal élevé ! il réclame !je suis fière : je ne réclame pas.
Mais la suite de l'histoire est la suivante : la mère cède (il y avait, dans la bouche de ma mère, deux gros mots "réclamer" et "céder"). Cette mère-là commet l'innommable : elle cède.
Ma mère se retourne vers nous à nouveau, autre regard entendu. Et je me souviens d'avoir pensé : Oh, quelle mère indigne : elle lui cède, elle va faire de son enfant un capricieux ! Quelle chance j'ai d'avoir une mère qui ne me cède pas !
Et j'étais sincère, c'est le pire : je pensais, je me souviens d'avoir pensé de toute mon âme à quel point cette pauvre femme allait pourrir son enfant. Ce qui était peut-être vrai, en fait, je n'en sais rien, mais surtout, j'étais si fière de ma mère, comme endoctrinée...
C'est seulement depuis une dizaine d'année que je repère cette sorte d'endoctrinement - depuis qu'il n'opère plus, en fait....