Fouiller ces souvenirs. Chez Viviane, je mens. Maints prétextes sont bons pour débarquer chez elle, toujours avec une bouteille de vin blanc qui l'étonne, parce qu'elle en a dans sa cave, son oncle fait du vin. Je prétexte que je ne veux pas la dégarnir.
- Mais qu'elle est bête ! s'écrie-t-elle en riant, en prenant ma bouteille de vin. Allez, entre.
j'entre. j'entre éternellement. Je ne fais rien d'autre qu'entrer chez elle.
Il mefaut cette vie, cette légèreté, cet appartement qui domine tout Paris, s'ouvre droit sur la Tour Eiffel, et écase à ses pieds les petites voitures du boulevard.
il me faut la lumière, la légèreté, la griserie des repas, des verres, que nous buvons.
La porte s'ouvre, une porte palière plutôt laide, dans cet immeuble des années 30, un immeuble plutôt ouvrier, avec une montée d'escalier qui n'a rien de splendide : pas de vaste hall, pas de miroir, pasde boiserie, par de marbre. Le sol de l'entrée est en carreaux de ciment moucheté gris, les murs peints en blanc portent des traces, bien que l'ensemble soit propre. L'escalier est aussi en carreaux de ciment, les murs blancs, plus très propres, mais pas vraiment sales. Les deux portes palières sont en bois, lisse, deux planches, mais blindées. Il y a quelques chose d'intemporels et de très parisiens dans cette montée d'escalier ; Amélie Poulain, Desnos pourraient sortir de l'appartement voisin.
Pourtant l'esprit qui me saisit dès l'ouverture de la porte m'emmène fort loin ; où ? Je ne sais. Il y a quelque chose de féérique, et de très Vieux-Parisien ici. Les journées de Catherine passent à un rythme qui n'est pas le mien. Elle est dans la cuisine et boit un café rêveusement en lisant un livre. Le désordre qui l'entoure ne la dérange miraculeusement pas. Sa cuisine sent bon - la cannelle. Elle a fait un gâteau aux pommes et à la cannelle. Pourquoi ? Parce qu'elle en a eut envie. Moi, qui n'ait jamais cédé à une envie, ni pensé qu'on pouvait ou devait leur céder, je demeure muette devant cette fantaisie quasiment royale. "Et maintenant, murmure Catherine, ce qui je ne sais pas, c'est s'il faut mieux du thé ou du café pour l'accompagner." Je demeure coite. La question ne m'est pas venue à l'esprit. "bien sûr, tu me diras qu'on peut toujours boire un vin blanc, ou rouge - il ne faut pas oublier que nous sommes des poivrotes !" Elle rit. "mais je pense tout de même qu'avec un tel gâteau, il faut songer à un goûter" Je dis comme cela qu'on pourrait alors songer à un chocolat chaud. L'idée la frappe. "c'est moins chic, mais beaucoup plus gourmand,e t tellement régressif ! J'adore !"
Et c'est ainsi que nous goûtons d'un gâteau aux pommes encore tiède, accompagné d'un onctueux chocolat chaud.
- Mais qu'elle est bête ! s'écrie-t-elle en riant, en prenant ma bouteille de vin. Allez, entre.
j'entre. j'entre éternellement. Je ne fais rien d'autre qu'entrer chez elle.
Il mefaut cette vie, cette légèreté, cet appartement qui domine tout Paris, s'ouvre droit sur la Tour Eiffel, et écase à ses pieds les petites voitures du boulevard.
il me faut la lumière, la légèreté, la griserie des repas, des verres, que nous buvons.
La porte s'ouvre, une porte palière plutôt laide, dans cet immeuble des années 30, un immeuble plutôt ouvrier, avec une montée d'escalier qui n'a rien de splendide : pas de vaste hall, pas de miroir, pasde boiserie, par de marbre. Le sol de l'entrée est en carreaux de ciment moucheté gris, les murs peints en blanc portent des traces, bien que l'ensemble soit propre. L'escalier est aussi en carreaux de ciment, les murs blancs, plus très propres, mais pas vraiment sales. Les deux portes palières sont en bois, lisse, deux planches, mais blindées. Il y a quelques chose d'intemporels et de très parisiens dans cette montée d'escalier ; Amélie Poulain, Desnos pourraient sortir de l'appartement voisin.
Pourtant l'esprit qui me saisit dès l'ouverture de la porte m'emmène fort loin ; où ? Je ne sais. Il y a quelque chose de féérique, et de très Vieux-Parisien ici. Les journées de Catherine passent à un rythme qui n'est pas le mien. Elle est dans la cuisine et boit un café rêveusement en lisant un livre. Le désordre qui l'entoure ne la dérange miraculeusement pas. Sa cuisine sent bon - la cannelle. Elle a fait un gâteau aux pommes et à la cannelle. Pourquoi ? Parce qu'elle en a eut envie. Moi, qui n'ait jamais cédé à une envie, ni pensé qu'on pouvait ou devait leur céder, je demeure muette devant cette fantaisie quasiment royale. "Et maintenant, murmure Catherine, ce qui je ne sais pas, c'est s'il faut mieux du thé ou du café pour l'accompagner." Je demeure coite. La question ne m'est pas venue à l'esprit. "bien sûr, tu me diras qu'on peut toujours boire un vin blanc, ou rouge - il ne faut pas oublier que nous sommes des poivrotes !" Elle rit. "mais je pense tout de même qu'avec un tel gâteau, il faut songer à un goûter" Je dis comme cela qu'on pourrait alors songer à un chocolat chaud. L'idée la frappe. "c'est moins chic, mais beaucoup plus gourmand,e t tellement régressif ! J'adore !"
Et c'est ainsi que nous goûtons d'un gâteau aux pommes encore tiède, accompagné d'un onctueux chocolat chaud.
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